LA FLANDRE
Le terme Flandre et son adjectif flamand(e) possède des composantes géographiques, historiques, linguistiques (flamand), culturelles (et identitaires). Il désigne donc, suivant le contexte, des réalités connexes mais distinctes.
Étymologie : (IIe siècle av. J.-C.) Flaumandrum terres (suff. anc. germ. -andrum) inondées (anc. germ. flauma, frison flâm)
Flandre et Pays-Bas en France
Avec le Hainaut français au sud-est et l'Artois au sud, la Flandre française ou méridionale forment ce qui était logiquement appelé « Pays-Bas Français » jusqu'à la Révolution française, avant d'être débaptisés dans un but de déculturation en 1790. Ils furent arrachés militairement entre 1659 et 1679 par la France de Louis XIV de l'ensemble des Pays-Bas, et laissés pour compte en 1815 par le Second Traité de Paris au lendemain de Waterloo. Plus au nord, la Belgique de 1830 est venue achever ce démantèlement progressif des Pays-Bas qui avaient été rassemblés au 15e siècle sous les Ducs de Bourgogne.
Les termes de Flandre et de Flamand donnent encore lieu en France à des acceptions très diverses. Ainsi au Grand Siècle, « Les Flandres » commençaient aux rives de la marécageuse Somme pour finir aux bouches mêlées de l'Escaut, de la Meuse et du Rhin. Aujourd'hui, par contre, pour plus d'un Lillois, la Flandre ne commence qu'aux bords de la Lys, quand ce n'est pas au pied des collines de Cassel : on ne serait en Flandre que là où l'on parle flamand.
On peut s'en tenir à la définition du XVIIe siècle qui « étalait les Flandres » des marécages et maremmes de la Somme aux embouchures indécises de l'Escaut de la Meuse et du Rhin ? Ou faut-il s'en remettre au Manifeste des Flamands de France qui affirme : « Les Flamands de France vivent sur les 250.000 hectares qui, dans la moitié occidentale du département du Nord, correspondent à l'arrondissement de Dunkerque, à celui de Lille et à la moitié septentrionale de celui de Douai »
La Flandre au fil de l'Histoire
Nos ancêtres les BELGES
Sur le territoire de ce qui allait devenir la Flandre quelques siècles plus tard, les tribus belges au temps des Romains sont : les MORINS entre la LYS et BOULOGNE, et les MENAPIENS plus au Nord. Plus au sud, les ATREBATES ont donné naissance à la ville d'ARRAS.
Après la conquête par JULES CÉSAR, terminée en 50 av. J.-C., les Romains ont développé leur influence en construisant un réseau routier reliant des cités fortifiées, telle CASSEL, des villes commerçantes, telle WERWICQ, des villes chefs-lieux des peuples Belges, telles THEROUANNE pour les MORINS et ARRAS pour les ATREBATES.
La route commerciale principale, de BOULOGNE à BAVAY, constituait un axe important de romanisation.
Courageux, les BELGES opposèrent une vive résistance aux Romains. Les NERVIENS faillirent battre JULES CÉSAR. AMBIORIX puis COME l'ATREBATE, roi des MORINS, furent de célèbres résistants. Les MORINS fournirent à VERCINGÉTORIX 25.000 guerriers, les MENAPIENS 7000 et les ATREBATES 15.000. COME, le dernier résistant à CÉSAR, finit par s'enfuir au-delà de la MER DU NORD, en BRETAGNE.
La Romanisation connut vite ses limites. Entre LYS et MER DU NORD, la population rurale ne fut pas complètement romanisée.
En 174, les CHAUQUES franchissent le RHIN mais sont finalement repoussés. Au IIIe siècle, d'autres tentatives germaniques restent aussi vaines, mais le déclin de la puissance romaine laisse le champ libre à la renaissance des traditions autochtones: ARRAS, la NEMETACUM des Romains, redevient ATREBATUM et THEROUANNE, la TARVANNA Romaine, MORINUM.
Les Saxons commencent à s'installer sur le littoral dès la fin du IIIe siècle, lequel s'appelle LITUS SAXONICUM vers 400.
En 288, le Ménape CARAUSIUS, chargé par ROME de pacifier le pays, s'allie aux CHAUQUES et aux FRISONS. CARAUSIUS est finalement battu, mais les CHAUQUES et FRISONS se fixent dans la région littorale, tandis que depuis la CAMPINE (région entre ESCAUT et MEUSE) où ils sont présents depuis le IVe siècle, les FRANCS commencent à s'installer entre LYS, SCARPE et AA.
Vers l'an 400, le littoral est submergé par la mer; mais peu à peu les terres se remblaient: la FLANDRE, « VOL LANDEN », se crée sur les marécages et les golfes de l'AA et de l'YSER tandis que de nombreuses rivières, des BECQUES, et quelques gués, VOORDE, marquent le paysage.