LILLE
Selon la légende, la ville de Lille aurait été fondée en 640 grâce à la victoire de Lydéric sur le cruel tyran Phinaert. Les deux géants sont aujourd'hui de toutes les fêtes lilloises.
Mais, c'est en 1066 que Lille est citée pour la première fois dans l'histoire. Le nom de la ville vient du latin "insula" (île) car lors de sa fondation au XI éme siècle, Lille émergeant des marais est entourée et traversée par de nombreux bras de la Deûle.
Capitale des Comtes de Flandres, très convoitée par les Rois de France, Lille est alors une ville "drapante" comme Ypres et Bruges et doit bientôt sa prospérité à sa foire de grande renommée, organisée par Jeanne de Constantinople, comtesse de Flandre et bienfaitrice de la Ville. C'est alors le règne des marchands.
Lille devient Bourguignonne à partir du XIVème siècle.
Philippe le Bon, duc de Bourgogne plus puissant que le Roi de France, fera de Lille une capitale administrative et financière.
Lille sera encore Habsbourgeoise avant d'être rattachée aux Pays Bas espagnols aux XVIème et XVIIème siècles, qui marquent l'Age d'Or de la ville ancienne.
En 1667, Louis XIV se rend maître de Lille pendant la guerre de dévolution, la rattachant pour toujours à son royaume, comme en témoigne encore la Citadelle construite par Vauban.
Colonne de la Déesse Lors de la Révolution française, la ville souffre de nombreuses destructions. La résistance de la population face à l'invasion autrichienne et le siège de Lille de 1792 seront les points culminants de la période révolutionnaire.
Le XIXème siècle hisse Lille au rang de grande capitale industrielle qui s'agrandit en annexant 5 communes. Un siècle plus tard le déclin de l'industrie textile posera de sérieux problèmes à la ville qui décide alors de se trourner vers le tertiaire (banques, administrations, universités). Lille renoue avec sa vocation marchande et parie sur l'Europe.
Avec Euralille le tout nouveau "morceau" de la ville et sa gare de TGV Nord européens inaugurée en 1994, Lille entame une nouvelle page de son Histoire.
chronologie
1144 • Fondation de la paroisse Saint-Sauveur
1213 • Siège de Lille par Philippe Auguste.
1235 • Charte accordée à la ville par la comtesse Jeanne de Flandre.
1312 • Transfert « perpétuel » de la châtellenie de Lille profit de la France.
1384 • Lille bourguignonne.
1542 • Premiers calvinistes.
1555 • Répression antiprotestante - Exécution des Oguier.
1581-82 • Coups de main des Hurlus contre Lille.
1618-21 • Agrandissement de Lille vers le nord-est.
1667 • Siège et prise de Lille par Louis XIV.
1667-70 • Construction de la citadelle.
1670 • Agrandissement de Lille avec la création des quartiers de Saint-André et de La Madeleine.
1684 • Construction de la porte des Malades (porte de Paris).
1708-13 • Prise de la ville et occupation par les Hollandais.
1714 • Création de la chambre de commerce.
1776 • Décision du Conseil du roi imposant en Flandre la liberté de fabrication dans les campagnes.
1789 • Préparation des états généraux - Emeutes provoquées par la cherté des vivres - Fondation de la Société populaire - Dissolution du Magistrat.
1790 • Installation de la première municipalité élue - Fête de la Fédération sur l’Esplanade.
1791 • Suppression de la paroisse Saint-Pierre et mise sous scellés de Notre-Dame de la Treille.
1792 • Massacre du général Dillon - Proclamation de la Patrie en danger par la municipalité - Siège de Lille.
1794 • Dissolution de la Société populaire.
1804 • Lille, chef-lieu du département du Nord.
1819 • Fondation de l’Echo du Nord.
1824 • Ouverture du cours de chimie confié à Frédéric Kuhlmann.
1846 • Inauguration de la ligne de chemin de fer Lille-Paris.
1858 • Décret impérial annexant Wazemmes, Moulins-Lille, Esquermes et Fives à Lille.
1892 • Grandes fêtes du centenaire du siège de Lille.
1896 • Création de l’université de Lille. Première municipalité présidée par un socialiste.
1914 • Bataille de Lille - Début de l’occupation allemande.
1918 • Lille délivrée par les Anglais.
1936 • Grèves dans les usines de Lille - Suicide de Roger Salengro.
1940 • Nouvelle bataille de Lille - Lille occupée par les Allemands.
1941 • Fondation du journal clandestin La Voix du Nord.
1944 • Bombardements de Lille-Délivrance et de Fives-Lille. La ville libérée.
1951 • Exposition textile internationale - Inauguration du port de Lille.
1955 • Augustin Laurent maire de Lille.
1956 • Début de la rénovation du quartier Saint-Sauveur.
1967 • Fusion des chambres de commerce de Lille, Roubaix et Tourcoing - Inauguration de l’autoroute Lille-Paris - Naissance de la Communauté urbaine présidée par Augustin Laurent.
1973 • Pierre Mauroy élu maire de Lille - Création des premières « mairies de quartier ».
1977 • Association Lille-Hellemmes.
1983 • Inauguration de la première ligne du métro VAL entre les Quatre-Cantons et l’hôpital B.
1989 • Pierre Mauroy, président de la Communauté urbaine - Constitution d’une SEM pour l’aménagement du quartier des gares.
1993 • Le TGV-Nord arrive à Lille.
1994 • Inauguration du tunnel sous la Manche et de la gare de Lille-Europe.
1995 • Lille candidate française pour l’organisation des Jeux olympiques de l’an 2004.
1996 • Création du Conseil communal de concertation composé de 120 membres élus ou cooptés par les associations.
1998 • Lille désignée avec Gênes « ville européenne de la culture » en 2004.
1999 • Yves Durand, maire de Lomme, propose l’association de sa ville avec Lille.
la Chatellenie de Lille
Le système féodal, fondé sur la possession du sol, divise le comté de Flandre en circonscriptions territoriales, succédant généralement d'anciennes vicairies civiles et concordant avec les décanats ecclésiastiques. Aux Xème et XIème siècles, les châtellenies sont créées. Celle de Lille a pour chef-lieu le château ou Salle de Lille, siège de la cour féodale du comte considéré comme seigneur particulier de la ville et du pays qui l’environne. Un châtelain y est constitué qui tient en fief de la Salle de Lille en état, titre et office avec les terres, rentes et droits y affectés. La circonscription sur laquelle cet officier, l’un des plus grands seigneurs de la contrée, étend son autorité suzeraine, comprend à peu de choses près ce qui forme aujourd’hui l’arrondissement de Lille, c’est-à-dire le cadre où se renferme cette première partie de la Statistique féodale du département du Nord.
La châtellenie de Lille, mentionnée en 1039, se subdivisait elle-même en cinq quartiers, dont quatre, ceux de Mélantois, de Carembaut, de Pévèle et de Ferrain, avaient appartenu aux Ménapiens. Le cinquième, celui de Weppes semble avoir succédé au pagus Leticus des Atrebates, lequel s’étendait dans la vallée de la lys.
Le Mélantois, pagus Medenatensis, ou quartier du milieu, est nommé pour la première fois dans la vie de Saint Eloi par Saint Ouen (Spicil. 11, 93), puis dans l'acte de partages des Etats de Louis le Débonnaire en 835 (Duchesne. Hist. Franc. Script. 11, 327). Situé entre la Deûle et la Marque, il était borné au nord par le Ferrain, au levant par la Pévèle, au midi par le Carembaut, au couchant par le Weppes. Il comprenait, outre Lille, 29 villages de l'arrondissement actuel. Seclin en était la capitale.
Le Carembaut, carembaultius ager est nommé Caribaut dans le titre de fondation de l’abbaye de Saint-Vaast d’Arras en 673. Ce quartier, le plus petit des cinq, était borné au nord par le Weppes et le Mélantois, au levant par le Pévèle, au midi par la Deûle et l’Artois. Il renfermait, dans la circonscription actuelle de l’arrondissement de Lille, 11 villages dont Phalempin en était le Chef-lieu.
La Pévèle, Pabula, pagus pabulensis, est également reprise en 673, dans les lettres patentes données à l’abbaye de Saint-Vaast par le roi Thierri (Miroeus, 1, 126). Ce pagus dont la tête était Orchies, s’étendait originairement jusqu’à la Scarpe qui le séparait de l’Ostrevent ; le quartier qui le représente aujourd’hui dans l’arrondissement de Lille est moins étendu, il a pour limite, au nord le Ferrain, à l’est le Tournaisis, au midi l’arrondissement de Douai, à l’ouest la Marque qui le borne du côté du Mélantois et dans une petite partie le Carembaut. On compte 24 villages. Chef-lieu Cysoing.
Le Ferrain, Ferraina regiuncula, était borné au septentrion par la Lys, à l’orient par le Tournaisis, au midi par la Pévèle et par la Marque qui le séparait du Mélantois, à l’occident par la Deûle qui formait sa limite vers la Weppes. Il comprenait 31 villages dans la circonscription actuelle de l’arrondissement de Lille. Chef-lieu Comines.
Le Weppes, Weppis, Weppesana regio, dont Wavrin était le Chef-lieu, avait pour contour, au nord la Lys et la Deûle, au levant et au midi la Deûle qui le séparait des quartiers de Ferrain, de Mélantois et du Carembaut, au couchant l’Artois et la pays de Laleu. Ce contour renferme 37 villages.
Phalempin-en Carembaut, Cysoing-en Pévèle, Wavrin-en-Weppes et Comine-en-Ferrain étaient les quatre baronnies des seigneurs hauts - justiciers dont les baillis, personnages eux-mêmes considérables et pris dans la noblesse, administraient le pays.
La châtellenie de Lille comprenait encore les quartier d’Outre-Escaut, Transcaldina regio, et le Comté, comitatus ; mais les paroisses d’Otre-Escaut n’appartenant plus au département sortent ainsi du cadre adopté, et le Comté se composait d’enclaves dispersées dans les autres quartiers où elles sont reprises à leur ordre.
LILLE né d'une rivière
L es rives de la Deûle sont régulièrement habitées à partir de la fin de la préhistoire. Les fouilles archéologiques ont permis de retrouver des traces de vie au Mésolithique, au Néolithique, à l'âge de bronze, à l'âge du fer, puis à l'époque gallo-romaine. Vers 475 av. J.-C., les ancêtres des Lillois vivent dans des fermes isolées ou des petits hameaux regroupant des exploitations agricoles.
Au début du Ier siècle, le territoire lillois n'est desservi par aucune grande voie qui relie les cités entre elles, mais uniquement par des routes secondaires. Du Ier siècle av. J.-C. au Ve siècle ap. J.-C., on recense plusieurs zones d'habitat. La plus dense se trouvait sur la rive orientale de la rivière : de part et d'autre de l'actuelle rue Solférino, entre l'Eglise du Sacré-Cœur et le boulevard Vauban.
Naissance d'une ville
Au IXe siècle, Isla est, sans doute, uniquement composée d'une zone d'habitat et d'un port, que l'on situe vers l'îlot Comtesse. On y perçoit des taxes sur la vente des marchandises. Déjà, le futur rôle commerçant de Lille se profile. À partir de 830 et jusque vers 910, les Vikings déferlent sur la Flandre. Face à des pillards très mobiles, il faut organiser la défense localement. Ceci est révélateur de l'impuissance du pouvoir royal de Charles le Chauve. La conséquence immédiate est la montée en puissance de l'aristocratie terrienne. Le système féodal a, au moins, le mérite de protéger les populations dans ces temps troublés.
À la fin du Xe siècle, Lille n'est pas encore une ville mais, elle grossit déjà aux dépens de ses voisines : Fins, Wazemmes et Esquermes.
LILLE 1000-1500
Les premières allusions à Lille, dans les textes, remontent au milieu du Xe siècle. Lieu de pouvoir, avec la résidence des comtes de Flandre, on y frappe la moneta islense, la « monnaie de Lille ». L'essor démographique, parti des villages voisins, va bientôt gagner la ville. Lille ne cesse de grandir. Elle absorbe l'ancien village de Fins et son église Saint-Maurice. Elle crée de nouvelles paroisses au Sud (Saint-Sauveur) et au Nord (Sainte-Catherine, Saint-André, Sainte-Marie-Madeleine).
Les Lillois sont sans doute environ 30 000 au milieu du XIIIe siècle. Cet essor s'explique par un développement économique sans précédent : le grand marché régional se tient à Lille. On y vend et on y achète les produits agricoles d'un plat-pays très riche. On y trouve aussi des draps. La foire annuelle attire des marchands de l'Europe entière.
Lille est riche et sa position au cœur des marais de la Deûle en fait un verrou entre la Flandre et le royaume de France. Elle attire la convoitise des puissants : le roi de France veut la soumettre à plusieurs reprises (avant et après la bataille de Bouvines en 1214), les soldats anglais aussi, pendant la Guerre de Cent Ans. Et enfin les ducs de Bourgogne (devenus comtes de Flandre) s'approprient Lille entre 1369 et 1477.
Sous Philippe le Bon, Lille est repeuplée, couleur reconstruite, embellie. Car, au XIVe siècle, Lille a souffert. Les guerres, les pestes, les famines ont fait des ravages. Le XVIe siècle marque son renouveau. L'enceinte est agrandie, le nouveau Palais Rihour sort de terre, des églises sont rebâties au goût du jour. Son dynamisme séduira son nouveau maître, Charles Quint, quand Lille tombe dans son escarcelle en 1506…
LILLE 1500-1700
Lille recueille les bienfaits du retour au calme sous le règne de Philippe le Beau (1482-1506). Sa tradition textile se renforce avec l'essor de la fabrication d'étoffes légères. Elle s'impose au XVIe siècle sur un marché dopé par la demande de la clientèle française et européenne.
Conséquence logique de ce dynamisme, sa population augmente. Elle étouffe bientôt dans les limites de ses murs. Mais la peste rôde. Sous Charles Quint, elle frappe Lille six fois ! Devant l'ampleur des désastres, on pare au plus pressé. Les maisons infestées sont marquées d'une croix. Les suspects de peste ne peuvent circuler qu'en tenant à la main une verge blanche de 3 à 4 pieds de long pour « servir de préservation aux gens sains »…
Lille pourtant résiste. Son élan vital, porté par ses manufactures, n'est pas brisé par ces pertes. Ce qui fait dire à Louis Guichardin dans sa Description des Pays Bas (1567) : « Lille est belle et riche ville, pleine de bons édifices, de grande noblesse et de grand nombre de gros marchands menant grande fabrique ».
Lille est restée fidèle à l'Eglise quand, à la fin du XVIe siècle, catholiques et protestants se déchirent.
Elle entre dans un XVIIe siècle plutôt prospère, marqué par une grande activité artistique. Les Lillois commandent des toiles aux maîtres de la toute proche école d'Anvers : Rubens, Van Dyck et Jordaens.
Dans les rues, les demeures de pierre et de brique remplacent progressivement les maisons de bois. On voit fleurir des décors surchargés de fruits, de feuillages, de cornes d'abondance ou de têtes d'angelots.
En août 1667, Lille est rattachée à la France. Elle n'apprécie guère, mais Louis XIV est suffisamment subtil pour désarmer la méfiance des bons sujets flamands.
Dès 1670, Vauban s'attaque à la construction de la citadelle et inspire l'agrandissement de la ville avec de nouveaux quartiers au nord-ouest.
La vocation commerciale de Lille s'affirme, plus que jamais, au XVIIIe siècle. Elle n'a plus le privilège d'être la seule autorisée à confectionner tous les tissus et souffre de la concurrence des villes voisines. Sa manufacture lainière s'effondre, mais Lille est sauvée par la diversification de ses activités : dentelleries, raffineries de sucre, fabriques de faïence… Mais si les négociants vivent dans l'opulence, le petit peuple souffre. On sait ici ce que pauvreté veut dire.
Le XVIIIe siècle est le siècle des Lumières, pourtant Lille ne s'emballe pas pour leur philosophie. Ici, on ne badine pas avec la foi catholique et les usages. De là à dire qu'on y manque d'ouverture intellectuelle? L'accueil favorable réservé à la franc-maçonnerie témoigne du contraire. Les Lillois sont curieux : ils goûtent sans modération les plaisirs de la musique et du théâtre…
LILLE 1700-1800
A la veille de la Révolution de 1789, la prospérité de Lille est en trompe-l'oeil. Le textile souffre de la concurrence anglaise et les faillites se multiplient. Le chômage progresse. Malgré les émeutes et l'agitation, Lille n'aura pas véritablement de révolution populaire. La bourgeoisie libérale prend le pouvoir. Mais l'état de grâce de la nouvelle municipalité ne va pas durer. Le climat politique se dégrade et le terrible hiver 1790-1791 annonce l'arrivée d'un contre-pouvoir. Il sera beaucoup plus radical. Là dessus, la guerre. Le 20 avril 1792, l'Assemblée Législative, à Paris, déclare la guerre aux Pays-Bas autrichiens. Lille sera en première ligne. Le 29 septembre, à 15 heures, commence le bombardement. Le siège de Lille durera jusqu'au 6 octobre… Mais Lille tient bon. Pour la saluer, la Convention vote à l'unanimité le fameux décret : « Lille a bien mérité de la patrie ». La colonne de la Déesse est le témoignage de cette reconnaissance.
Entre 1800 et 1850, Lille bascule dans le monde de l'industrie. Elle entre dans le monde contemporain. Ralentie par la crise révolutionnaire, la vie économique redécolle pendant la première moitié du XIXe siècle.
Longtemps dominée par le négoce, Lille voit le textile s'imposer comme le moteur de sa puissance économique. Délaissant la laine, désormais chasse gardée de Roubaix et de Tourcoing, la ville se spécialise dans le travail du lin et du coton. Ces deux secteurs, en 1850, emploient 85 % des travailleurs lillois. Leur vie est terriblement dure : 80 à 90 heures de travail par semaine pour des salaires de misère, le travail des enfants omniprésent, des logements sordides et insalubres…
Au printemps 1847, 60 % des ouvriers lillois sont au chômage.
La colère gronde, la révolte n'est pas loin. Elle éclatera le 12 mai. C'est encore une émeute de la faim, sans idéologie révolutionnaire, sans conscience de classe. Bientôt, il en ira tout autrement…
LILLE 1800-1900
Entre 1850 et 1914, Lille vit l'irrésistible montée de sa puissance industrielle.
Son activité textile est l'une des toutes premières du monde. Logiquement, autour du textile, d'autres filières industrielles, complémentaires, apparaissent. L'essor est foudroyant. La métallurgie de transformation devient rapidement le deuxième fleuron de l'économie lilloise. La capitale des Flandres, grand foyer de commerce, est aussi une grande consommatrice. Ses industries alimentaires se taillent la part belle, mais la palme revient à la confection.
Les premières fabriques de vêtements, fondées dans les années 1850, connaissent un essor constant et prodigieux. Conséquence de la flambée industrielle : les Lillois sont de plus en plus nombreux (75 000 en 1850, 220 000 en 1901). La proche banlieue de Lille connaît un essor considérable, comme Hellemmes dont la population est multipliée par onze en soixante
Au XIXe siècle, les classes dirigeantes sont toutes puissantes, le prolétariat nombreux et pauvre : la fracture sociale est nette. 9 % de la population détient 90 % des richesses. Les industriels et les professions libérales connaissent une expansion considérable.
Le contraste avec la situation de l'immense majorité de la population lilloise est saisissant. Les ouvriers ne sont pourtant pas les plus à plaindre car, dans ces années-là, on voit apparaître un sous-prolétariat à la dérive : veuves d'ouvriers, chômeurs, retraités sans pension… La fin du XIXe siècle marque la montée de la classe moyenne : artisans, employés et fonctionnaires sont l'embryon d'une société en transformation.
Malgré les inégalités sociales, une grande unité se révèle : riche ou pauvre, le Lillois aime sa ville. Il y règne une énergie exceptionnelle pour penser, vivre et survivre. C'est ainsi que des hommes et des femmes vont se rassembler pour défendre la liberté, la justice et la solidarité. Et c'est par ce chemin difficile que Lille atteindra sa grandeur. Soixante ans !
Avec la proclamation du second Empire commence à Lille le combat pour la liberté, symbolisé par une famille : les Legrand, véritables pionniers de la République. Ce mouvement recrute largement dans la bourgeoisie, les classes moyennes et populaires, ce qui explique sa réussite. Face aux graves problèmes sociaux que connaît Lille, deux mouvements vont naître : le patronat chrétien et les débuts du socialisme.
Philibert Vrau est le premier patron chrétien à développer dans son usine une politique sociale avancée. Mais ce paternalisme suppose des ouvriers dociles…
L'engagement socialiste est profondément différent. Au début des années 1880, il porte trois noms : Gustave Delory, Gustave Jonquet et Henri Ghesquière ; tous issus de familles ouvrières très pauvres. Leur conquête de la mairie de Lille en 1896 (renouvelée en 1900) lance une politique de socialisme municipal inspirée des pays nordiques voisins. Sous l'impulsion du maire de Lille, Gustave Delory, la fédération socialiste du Nord devient l'une des plus importantes de France.
LILLE 1914-1945
Comme partout en France, la saignée de la guerre 14-18 est terrible. Lille, traumatisée, est à reconstruire. En moins de trois ans, l'appareil de production sera réparé ou remplacé.
Sous le poids des énormes dépenses de la guerre et de la reconstruction, le franc-or perd l'essentiel de sa valeur. Dans le même temps, les prix flambent. Pas étonnant que Lille soit agitée de conflits sociaux pendant les années 20. Jamais le parti socialiste n'y a été aussi fort. La rupture avec la tendance communiste est violente et se fait dans la fureur. La majorité des socialistes, façonnée par des décennies de combats pour la défense de la liberté, reste fidèle à ses idéaux.
Mais si les Lillois aiment la politique, elle n'est pas toute leur vie. On se presse aux spectacles, au cinéma. La ville ne compte plus ses salles obscures, il s'en crée toujours de nouvelles. Et si les amateurs de musique classique sont très nombreux à Lille, toute une jeunesse découvre les nouveaux rythmes du fox-trot, du charleston…
En 1925, Gustave Delory choisit Roger Salengro pour lui succéder comme maire de Lille. Il connaît la fermeté, le courage, la clairvoyance de ce militant socialiste.
Roger Salengro est le plus jeune maire d'une grande ville de France, largement ouvrière. Il réorganise et modernise la politique sociale de Gustave Delory.
Dès 1927, l'équipe municipale met au point un plan complet de restructuration de la ville : destruction de taudis, construction des nouveaux bâtiments de la foire internationale, d'une grande cité hospitalière universitaire… Roger Salengro est un visionnaire. Il fait construire une gare moderne, crée le port de Lille et décide l'installation d'un aéroport à Marcq-en-Baroeul. Lille concentre la voie ferrée, la voie d'eau et la voie des airs, trois éléments (encore aujourd'hui) nécessaires à son développement. L'effort de modernité de l'équipe municipale autour de Roger Salengro, s'est accompli dans un climat de relative paix sociale. Les « années folles » laissent le souvenir d'années heureuses. Mais, en 1931…
La crise mondiale, née aux USA en octobre 1929, n'épargne pas Lille. La crise se durcit en novembre 1931 avec la dévaluation de la livre anglaise et du dollar américain.
Pratiquement inexistant alors, le chômage augmente de mois en mois. En 1935, un tiers de la population de Lille vit dans l'angoisse et la misère.
Bientôt monte une autre peur : la France découvre l'affrontement entre fascisme et antifascisme. Dans ce climat difficile, le Front Populaire en 1935 avec la prise de pouvoir par le gouvernement socialiste de Léon Blum et la révolution sociale de l'été 1936, mettent du baume au cœur de nombreux Lillois. Mais le malheur veille : le suicide de Roger Salengro précède de peu le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.
LILLE 1945-2000
C'est l'après-guerre, il faut à nouveau reconstruire. Lille doit panser ses plaies. Les 5 années qui suivent la guerre sont dures pour les Lillois. La reprise économique est lente. L'exposition internationale du textile en 1951 marque le redécollage de l'activité commerciale et industrielle.
Deuxième symbole du renouveau : le beffroi de la mairie de Lille devient le 4e émetteur de télévision du monde. Augustin Laurent est élu maire en 1955. On compte quatre femmes dans son conseil municipal. La tâche est immense. Il faut construire des écoles, des logements et assainir la ville. La restructuration du quartier Saint-Sauveur sera l'opération la plus marquante de cette période.
De 1960 à 1970, la crise du logement s'atténue ; les réalisations de la ville se concentrent plutôt dans le domaine culturel et pour l'amélioration du cadre de vie
En 1966, la création d'une Chambre de Commerce unique pour Lille, Roubaix et Tourcoing est un signal : la vie économique commence à s'organiser à l'échelle de l'arrondissement.
La Communauté urbaine naît en 1967. Elle complète le dispositif conduisant à la métropole. Commence alors une période de transformations intenses. En 1977, la commune d'Hellemmes s'associe à Lille. La ville est découpée en quartiers, avec des mairies et des conseils de quartier. Une manière de retrouver le souvenir du « village perdu ».
Ce sont aussi les années de crise. De nombreux emplois industriels disparaissent. Des entreprises quittent Lille pour la périphérie. Même phénomène pour le logement. Résultat : la population vieillit et diminue dans le centre.
Lille se tourne alors vers le tertiaire.
Une mutation qui lance une nouvelle dynamique et va transformer le visage de la ville.
L'année 1993 est capitale.
L'arrivée du TGV, le percement du Tunnel sous la Manche placent Lille au cœur de l'Europe des Affaires.
Avec la construction d'Euralille, la transformation de la ville - et avec elle de toute la métropole - passe à la vitesse supérieure. Le quartier des gares devient le baromètre d'une nouvelle vie urbaine à l'échelle métropolitaine.
Cette évolution aurait été impossible sans le virage que prend la Communauté urbaine, présidée par Pierre Mauroy depuis 1989. L'achèvement du métro en direction de Mons-en-Barœul, Roubaix, et Tourcoing en est un des symboles.
Devenue le cœur d'une métropole de plus de 1 million d'habitants, Lille fait son entrée dans le XXIe siècle en devenant la capitale européenne de la culture pour 2004. Un autre symbole
Les Grands Hommes
Ils sont nés ou ont vécu à Lille et la région du Nord :
Les peintres: Henri Matisse, Jean-Baptiste Carpeaux, Antoine Watteau, Jean-Baptiste Corot.
Les écrivains: Sainte-Beuve, Maxence Van der Meersch, Albert Samain.
Les hommes politiques: Charles de Gaulle, Jules Guesde, Guy Mollet, Robespierre, Roger Salengro.
Les inventeurs et scientifiques: Sébastien Bottin, Albert Calmette, Louis Pasteur.
Les compositeurs: Edouard Lalo, Gustave Nadaud....