HALLUIN
Halluin (en néerlandais : Halewijn) est une commune française, située dans le département du Nord (59) et la région Nord-Pas-de-Calais.
Halluin est située dans la partie septentrionale de l'arrondissement de Lille, à proximité de la Lys, sur la frontière franco-belge. Elle est limitrophe avec les communes de Roncq, Neuville-en-Ferrain et Menin (Menen en néerlandais), en Flandre Occidentale.
Histoire et origines
Le nom de Halluin, sous sa forme précoce "Haluin" apparait pour la première fois dans l'acte de donation fait par Baudouin V, dit de Lille, comte de Flandre, à l'église et chapitre de Saint-Pierre de Lille en septembre 1066.
Halluin fut aussi espagnole, au XVIe siècle, quand les Flandres passèrent aux mains des Habsbourgs.
Elle redevint française au XVIIe siècle, étant conquise en 1686 (quelques années après la prise de Lille) par Louis XIV, qui donna son nom à un pont de la ville.
L’origine de la dénomination de la ville n’est pas certaine, et diverses hypothèses ont été avancées par des étymologistes. Pour notre part, nous retiendrons deux possibilités. D’après l’Abbé Alphonse-Marie Coulon qui a consacré une bonne part de sa vie à des recherches multiples concernant Halluin, Halluin viendrait-il de HALU et IN, IN ayant la même portée que ghem, hem, gnies, court, zeele, radicaux désignant anciennement une habitation, une demeure.
Dans cette hypothèse, Halluin désignerait la demeure ou le siège d’un chef de famille nommé Hallu autour duquel étaient groupés ses familiers ou sujets.
D’autres étymologistes pensent que la dénomination d’Halluin a pour origine HASOU HALLE qui signifie entrepôt, magasin et WIN qui signifie VIN.
Il est certain que les légions Romaines se sont installées dans le site d’Halluin, particulièrement favorable à la défense par la proximité des monts d’Halluin et de la Lys.
Toutefois, le nom d’Hallewyn apparaît pour la première fois dans l’histoire, dans le célèbre diplôme par lequel le Comte de Flandre Baudoin V, en 1066, assigne une dotation à la Collégiale de Saint-Pierre de Lille.
Au XIIIe siècle, les prévôts d’Halluin furent anoblis, leurs armes d’Argent à Trois Lions de sable, armés, lampassés de gueules et couronnés d’or, posés 2 et 1.
En 1559, Jeanne Henriette, fille héritière de Jean II d’Halluin a épousé Philippe de CROY ; les terres d’HALLUIN passèrent ainsi donc dans cette illustre famille.
En 1614 on qualifiait Halluin de Baronnerie. Les seigneurs d’Halluin furent les mêmes que ceux de Comines à partir de la fin du XVe siècle ; ce furent, successivement, les Maisons de Croy, de Ligne-Croy et d’Hénin-Liétard, enfin les ducs d’Orléans depuis 1706.
La situation de la ville à proximité de la frontière et de la place de Menin, lui valut d’être éprouvée à maintes reprises : en 1582, le Duc de Parme fit construire un fort sur les ruines de l’église, pour résister aux rebelles installés à Menin. En 1658, 1667, 1706 et 1744, Halluin souffrit des sièges de Menin, pendant le siège de Lille en 1708, les alliés passèrent dix-huit fois par la ville.
En 1706, Charles Louis d’Alsace vendit les Baronnies de Comines et d’Halluin, au duc d’ORLEANS et la maison BOURBON d’ORLEANS, les conserva jusqu’à la Révolution.
Au cours de l’histoire, la ville d’Halluin eut beaucoup à souffrir des guerres et de plus, elle fut démembrée à deux reprises : une première fois en 1686 par Louis XIV, qui incorpora à la ville de Menin une partie du territoire d’HALLUIN, parce que celui-ci était enclavé dans le tracé des nouvelles fortifications. Et en 1779, Louis XV céda aux Pays-Bas Autrichiens, le hameau du Cornet, soit 179 ha.
Les Romains qui s’étaient introduits dans les Gaules par la force des armes, avaient pour politique de donner à leurs nombreux sujets leurs arts et leur science ; c’était en effet le moyen de conciliation le plus sûr. Sous leur domination, on vit s’établir dans les Gaules des lieux choisis où l’on s’occupait spécialement de la filature de la laine et du lin, de la fabrication des toiles et d’une infinité d’autres objets. La zone d’Halluin accepta sans doute ce présent d’autant que, lorsque César entra en Gaule, on y cultivait déjà le lin que l’on convertisait en toile.
L’invasion des barbares en Europe sur la fin du Ve siècle fut une époque désastreuse pour l’industrie naissante ; cependant elle ne périt pas complètement, et du temps de Charlemagne, on fabriquait des étoffes de laine et de la toile, mais le règne de ses fils arrêta cet essor des arts.
Le mouvement industriel et commercial dans notre pays date du XVe siècle et fut une des heureuses conséquences des croisades. Nos ancêtres qui s’enroulèrent pour ces expéditions lointaines admirèrent les manufactures très précieuses que possédaient l’Orient, et revenus dans leur pays, s’empressèrent d’en élever de semblables.
Dès les XIIe, XIIIe et XIVe siècle, rien n’était plus florissant que les fabriques de pannes, serges, tripes, camelots, calemandes et autres étoffes en laine des villes de la région, dont notamment Halluin.
A cette époque, Halluin avait un scel pour marquer ses draps. Ce fait est confirmé par Ch. Roussel. Defontaines dans son Histoire de Tourcoing page 351 : « Cependant Tourcoing, malgré son importance commerciale, n’avait pas encore de scel et était obligé d’aller à Halluin faire marquer ses draps ».
Le Roi Jean autorisa le bailli de Lille, par lettre du 6 novembre 1360 d’octroyer aux habitants de Tourcoing une marque ou signe pour marquer les draps qui s’y fabriquaient.
Cette autorisation ne fut sans doute pas suivie d’effet, car jusqu’au 8 juin 1372, date d’octroi d’une nouvelle autorisation donnait à Tourcoing d’avoir son scel particulier.
Outre ce scel que les habitants d’Halluin possédaient de très ancienne date, ils obtinrent la permission d’en apposer un second en vertu des lettres qui leur furent accordées au mois de mai 1397 par Philippe le Hardi, duc de Bourgogne et Comte des Flandres.
On raconte qu’à ce sujet au cours d’une assemblée tenue pour la confection de ce scel, le Seigneur et les Echevins entendirent du bruit. On apprit que quelques individus ayant vidé toutes les outres de l’auberge sise à proximité, se promenaient autour d’une table en élevant au-dessus de leur tête une outre renversée et en chantant en flamand « All wyn i suet ». Ce qui veut dire en français « tout le vin est vidé ». Eh bien ! repartit le Seigneur, mettons sur notre scel une table surmontée d’une outre renversée et inclinée.
Après une évolution remarquable de l’industrie textile, entravée au cours des ans par les guerres, Halluin comptait plusieurs centaines de tisserands.
Cette évolution fut encore accélérée par l’arrêt du Conseil d’Etat qui en 1762 permet aux habitants des campagnes, de filer toutes espèces de matières et de fabriquer toutes sortes d’étoffes comme de les apprêter en se conformant aux règlements. Halluin profita pleinement de cette situation nouvelle et plusieurs centres industriels se formèrent dans la Châtellenie de Lille dont quelques-uns dans Halluin, prirent une importance considérable.
On y confectionnait des toiles et du linge de table, blanchis dans les prairies bordant la Lys, des toiles à matelas, des cordons et des rubans de fil, des articles de bourgeterie et de sayetterie, des tripes de velours, camelots, calemandes, molletons et bassins.
Halluin s’adonnait encore à une autre spécialité avec trois autres villes de la région : la fabrication des toiles de fil et coton connues sous le nom de toiles à carreaux.
La chaîne de ces toiles était en fil de lin et la trame en fil de coton dans les premières qualités, et en fil de lin et de coton dans les autres. En 1789, on comptait 260 métiers battants à toile à carreaux.
En 1792-1794, au cours des opérations militaires, Halluin fut occupée tour à tour par les Français et les Autrichiens.
Au XIXe siècle, le calme favorable à l’épanouissement fut enfin retrouvé. A la fin du siècle, Halluin peut être considérée comme une ville textile spécialisée dans le tissage de la toile.
Le travail en usine, qui s’est généralisé entre 1880 et 1890, a favorisé chez les ouvriers une prise de conscience de leur situation d’exploités.
Les grèves et les manifestations se succédèrent rapidement, les grévistes sont directement soutenus par une municipalité communiste. Les tensions croissent et Halluin reçoit l’appellation de «Ville Rouge ».
Entre 1920 et 1930, Halluin apparaît pour les militants politiques comme un modèle de la lutte ouvrière.
Pour la petite histoire, Halluin peut s’énorgueillir d’avoir reçu d’illustres visiteurs, ainsi Louis XIV, accompagné de la Reine et des Princes Royaux, y dina en la journée du 28 mai 1670 ; Louis XV y vint aussi en 1746 ; le Baron de Comines et d’Halluin, le futur Louis-Philippe y séjourna, une quinzaine de jours, avec son père le Duc d’Orléans en 1792 ; Napoléon la traversa en 1803 et Louis XVIII en 1815.
Le Mont d’Halluin, autrefois « Mont des Louvières », vit séjourner dans l’ancienne prévôté d’Halluin, Thomas Becket archevêque de Canterbury, venu vers l’an 1170 tenir son filleul sur les fonts baptismaux. Ce prélat anglais né à Londres en 1118, décéda en 1170 à Canterbury, assassiné dans sa cathédrale sur ordre d’Henri II, roi d’Angleterre, Il fut canonisé par le pape (Saint Thomas).
Daniel DELAFOSSE
Cet historique a été puisé dans « l’Histoire d’Halluin » de l’Abbé Coulon, et des archives de la Ville d’Halluin.